Le monument aux morts du Carla-Bayle, érigé en mai 1922 sur la place du Barri, présente des particularités que l’on ne retrouve pas ailleurs. Président de l’association Autour de Pierre Bayle et incollable sur l’histoire du village, Francis Sans sait tout ou presque sur ce monument emblématique.
Pour les 100 ans de l’édifice, l’association avait organisé une commémoration où, à l’image de son inauguration chacun des convives, devait se présenter avec, si ce n’est des habits d’époque, au moins des chapeaux pour les hommes, des ombrelles pour les dames. « On voudrait essayer de reproduire le cliché fait en 1922 lors de son inauguration », révèle Francis Sans. Car finalement, selon l’angle de prise de vue, pas grand-chose n’a changé depuis, sauf les gens sur la photo évidemment.
À l’époque, ce fut un grand événement relaté bien sûr par « la Dépêche » le 7 mai 1922 : « Dimanche dernier a eu lieu l’inauguration du monument élevé à la mémoire des enfants du Carla-Bayle morts pour la patrie. […] La population tout entière avait pris place au cortège à la tête duquel marchait la musique, les orphelins de la guerre, pupilles de la nation et les enfants des écoles… » Paul Bégou, le maire de l’époque, dévoilait à ce moment-là la toute nouvelle œuvre.
Cent ans après, dans un même geste, Jean-Luc Couret, maire actuel et Francis Sans faisaient de même en célébrant cet anniversaire mais aussi en inaugurant la restauration et la protection de la frise de médaillons sur plaque émaillée. Des médaillons ajoutés par la suite et ornés du portrait de quelques soldats, une singularité qui apporte une émotion supplémentaire aux événements.
« Le village comptait en 1912 1 278 habitants ; 70 hommes sont
tombés pour la France en 14-18 », relatait Francis Sans, avant de
détailler l’architecture : « Le monument présente un aspect atypique,
il est surmonté par quatre chapiteaux corinthiens qui rappellent des
monuments célèbres avec ses colonnes comme le palais Bourbon. C’est un
hommage à la fois civique et patriotique aux enfants du pays. » Des
enfants du pays dont les noms étaient cités un par un par les écoliers.
Mais c’est tous en chœur, derrière les Manivelles occitanes et l’orgue
de Barbarie, que de vieux refrains résonnaient : « la Marseillaise »,
« la Chanson de Craonne », « Lily Marlène », « la Madelon » et « le
Déserteur ».